jeudi 26 mai 2016

mon expérience de CGT iste !



ma carte d'adhérent ! 


En 1971, j'étais encore jésuite;  mon supérieur m’a envoyé à la mission ouvrière de Longueau, banlieue « rouge » à l’époque d’Amiens. J’ai trouvé du travail, comme manutentionnaire au rayon « vins » dans l’hypermarché naissant de l’époque, le Delta. Et j’ai créé (je l’ai vraiment créé tout seul au démarrage)  une section syndicale, car je pensais qu’il fallait que les employés soient représentés. Je n’avais pas d’apriori sur le type de syndicat : la tradition à Amiens était plutôt la CGT. J’ai donc monté avec la bourse du travail locale une cellule dans notre entreprise : j’ai demandé à un copain d’être le représentant syndical, je voulais rester, après, sur le côté et laisser agir les « camarades ». 
Dans notre entreprise il y avait quelques points que nous voulions améliorer, essentiellement sur l’organisation des horaires …. Nous avons donc porté nos « revendications », (je préfère le mot demandes et  suggestions et j’élimine le mot de « justes » revendications ! ) à la direction, Monsieur Tastot à l’époque. J’appréciais cet homme qui connaissait ma situation. Il n’a pas donné suite à nos demandes et nous lui avons donc annoncé que nous organiserions une grève pour appuyer nos demandes. Nous avons décidé un moment de grève qui pénaliserait le moins l’entreprise : un jeudi matin, plage d’affluence minimum. Notre directeur n’y croyait pas. Le jeudi matin choisi, 80% du personnel était sur le parking. Le directeur m’a appelé et m’a emmené dans une brasserie au centre de la ville d’Amiens. Nous avons bu une bière en négociant: nous avons quasiment tout obtenu. Je suis donc revenu voir le délégué pour lui dire ce que nous avions obtenu, et c’est lui qui a annoncé le tout aux employés toujours présents sur le parking. Nous avons repris le travail.
Alors j’ai fait l’expérience de la « dictature » de la CGT. Avec notre délégué, nous avons téléphoné à la centrale CGT. Fiers de notre réussite et persuadés que nous allions être félicités! Nous avons été agressés et « engueulés » : nous n’aurions jamais du reprendre le travail, il fallait pour « l’image et le prestige »  (sic) de la CGT montrer la détermination des travailleurs et la force de la CGT. Sur le champ, j’ai été viré et exclu du syndicat !  Certes cela s’est passé il y a 40 ans, en tout cas alors le respect des points de vue différents n’était pas le point fort du syndicalisme, ni du patronat d’ailleurs. 2 ans après, je me ferai virer aussi de la CFDT, car je n’étais pas d’accord sur l’opportunité d’une grève.  Le délégué syndical m’empêchera d’entrer dans la salle de réunion, pour l’assemblée générale, me disant que comme je n’étais pas d’accord avec eux, je n’avais rien à faire à la réunion. Vive la démocratie dans les syndicats. C'était en 1971, bien sûr !






Pourquoi, en France particulièrement, faut-il toujours en arriver à des épreuves de force, à des affrontements ? Cela marquera la suite de mon aventure de vie, car quand je travaillerai pendant 40 ans comme formateur sur les « relations dans l’entreprise » je n’aurais de cesse de faire en sorte de montrer qu’un problème n’est jamais conflictuel à condition de s’écouter, de le poser sur la table et de ne pas s’en saisir pour prouver à l’autre que c’est un « con » !  Un problème n’est jamais agressif c’est la façon dont on le gère, notre immaturité relationnelle.


 Maintenant dans mes 72 ans, je constate que je n'ai pas réussi ! nous en sommes souvent encore dans les affrontements... Quand construirons nous un monde de la coopération et de l'engagement ensemble pour un monde serein ? 

en complément vous pouvez lire un des programmes de formation que nous proposions alors dans la société que j'avais créée du conflit au challenge partagé.





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